jeudi 20 septembre 2012

Malaisie part 2 - des Malais des croyances






Nous achèverons notre dernière journée d'excursion plus proche de nos compagnons de randonnée. L'effort nous a rapproché et nous sommes heureux d'avoir pu accomplir cette expérience éprouvante. 
Notre guide Greko sourit en évoquant sa jeunesse, quand la ville de Kuala Tahan était encore peu tournée vers le tourisme et qu'il devait traverser la jungle chaque matin pendant plus d'une demie-heure pour se rendre à l’école. Nous prenons une dernière fois le bateau pour retourner à notre auberge, tous pressés de pouvoir profiter de notre douche méritée. 

Alors que nous nous approchons de Rippi Guesthouse, le gérant nous salue entouré de sa famille, présente ici pour célébrer l’arrivée du fils du Sultan de la région de Pahang. Riffi nous encourage donc à nous rendre à cette célébration en nous glissant un : « Free food for you ».

En plus de la bouffe gratuite, il s'agit d'un événement intéressant que nous ne risquons pas de voir de sitôt. Une fois lavés et changés nous nous dirigeons vers le lieu de la fête. Nous sommes un peu mal à l'aise à l’idée de venir nous servir pour un événement qui ne nous concerne pas, mais les malais nous accueillent avec de grands sourires et nous font essayer tous les plats. Nous essayons donc de gouter à un maximum de choses afin de découvrir les saveur locales. C'est la première fois que nous sommes entourés par tant de Malais. 

Tous ce sont fait beau pour l'occasion. Une jeune femme nous explique qu'il s'agit d'un grand honneur de recevoir cet homme ici et qu'elle aimerait beaucoup pouvoir l'approcher. La plupart des femmes présentes sont voilées, il faut dire que nous sommes dans un des pays où la pratique de l'Islam est la plus dominante. Je me surprend donc à admirer ces foulards placés avec élégance, tous de couleurs différentes, en harmonie avec le reste de la tenue. J'en viens même à penser que les cadors de la mode européenne pourraient bien intégrer le voile dans leurs défilés de mode si prisés. Et je m'amuse à imaginer en occident une nouvelle tendance, qui dérouterait bon nombre de ces personnes, tellement mal informées sur le sujet et pourtant si promptes à émettre un jugement de valeur. 

Nous ferons le bonheur de cette jeune femme car nous ayant aperçu, le prince et ces suivants s'approchent de nous pour nous saluer. Nous lui assurons que nous prenons beaucoup de plaisir à visiter son beau pays, que nous venons de France. Il connait le pays et s'y serait rendu récemment. Nous venons de Paris précisons nous. Ce à quoi il nous répondra de ne pas nous fâcher mais il préfère l’O.M. 
Après cette rencontre diplomatique, nous décidons de partir nous coucher car demain nous reprenons la route, direction The Cameron Highlands et ses plantations de Thés. Encore une fois nous prenons le bus pour nous rendre sur place. 

L’arrivée me rappelle le Vietnam et Sapa avec ses nombreux flancs de collines aménagées en terrasses vert-brillants. Le chauffeur nous demande devant quel hôtel nous souhaitons nous arrêter. Aucune idée, nous ne faisons aucune réservation. Les autres passagers semblent surpris, se pourrait il que tous les hôtels de la ville soient pleins ? Effectivement, les hôtels corrects le sont et nous partons à la chasse aux auberges peu chères. Il ne nous faudra que quelques minutes d'effort supplémentaire pour trouver un lieu deux fois moins cher. 
Nous sommes dans les montagnes et il fait froid. Pour la première fois du voyage nous enfilons des vestes. Mais l'endroit ne nous plaît pas, sans doute ne sommes nous plus habitués au fourmillement d'une ville moyenne et de surcroît touristique après nos jours passés sur des plages désertes et la jungle. Nous consultons tout de même le Lonely Planet pour trouver une activité intéressante. Il y a des randonnées mais nous passerons notre journée à essayer de trouver le point de départ, alors nous nous promenons dans la ville de marchés en marchés, de cafés en restaurants. Nous décidons donc d’écourter notre séjour pour nous diriger vers l'ile de Penang. 

Le terminus est à Georgetown et nous descendons à une gare routière où nous attend une flopée de taxis. Notre premier réflexe est bien sur de refuser. Nous nous éloignons donc un peu pour consulter la carte de notre Lonely Planet afin de voir la distance qui nous reste à parcourir avant d'arriver vers le centre où se trouvent les auberges bon-marchés. Nous en avons d'ailleurs repéré une qui apparemment fait des banana pancakes du tonnerre. Sur le guide la gare routière de la ville est à environ 1 km du centre. 

Nous nous consultons et sommes d'accord pour économiser un taxi et de marcher tranquillement vers la ville. Au bout de quelques minutes nous demandons à un groupe d'hommes, discutant avec un chauffeur de car touristique, la direction pour nous rendre vers le centre de Georgetown. Le chauffeur qui parle le mieux anglais nous fait monter dans son bus pour consulter la carte que nous lui tendons. Il nous demande comment nous souhaitons nous y rendre, lui expliquant nos intentions, celui-ci se met à sourire car nous sommes à plus de 20 bornes de la ville !! 


En voyant nos mines déconfites il nous propose aussitôt de nous emmener gracieusement à notre hôtel en nous faisant ses petites explications touristiques. A nos remerciement il répondra : « Welcome to Malaysia ». 
L’hôtel que nous cherchions n'existe plus. 
Heureusement il y a un hôtel tous les 10 mètres dans la rue où nous nous sommes arrêtés. 



Nous découvrons la ville avec son histoire, sa culture et sa spiritualité. L'ile fut longtemps sous une occupation britannique. Plusieurs quartiers et édifices religieux témoignent de l'important multiculturalisme. Un quartier chinois, indien, des mosquées, des églises, des temples chinois, indiens, bouddhistes. Cette grande diversité nous amène à découvrir un parcours recommandé par le centre culturel de la ville. Il s'agit d'une promenade nous emmenant dans les musées de la ville et nous invitant à entrer dans les lieux de cultes.



Le musée nous révèle la présence de différentes ethnies malaises de leurs traditions, de leurs coutumes et même de leurs jeux. Plus qu'un Musée de l'ile nous découvrons un pays qui a du intégrer dans son histoire d'autres civilisations et apprendre à vivre avec elles. Aujourd'hui nous n'avons que l’œil du touriste bien superficiel. Mais il ne semble pas y avoir d’animosité culturelle. Le Muezzin chante l'appel à la prière qui nous sert un peu de bande son à nos vacances malaises. Les églises sont plus modestes et plus récentes. Et en nous promenant dans les rues nous découvrons un temple hindou d’où sortent des hommes et des femmes en habits traditionnel. Les temples chinois parfumés d'encens et richement décorés nous ravissent les yeux.
Le plus grand temple bouddhiste de toute l’Asie du Sud-Est se trouve également sur l'ile : Kek lok Si Temple
Juché sur une colline en périphérie de Georgetown, le lieu est incroyable. Des bouddhas par dizaines, des bodhisattvas par centaines, les temples sont multiples ici, sur plusieurs niveaux, des tortues pour la chance, des jardins pour être en paix. Impressionné je salue humblement les bouddhas et nous allumerons une bougie pour notre bonheur futur. Un soir que nous nous baladons dans les rues nous apercevons un restaurant qui propose également la location de vélos. 
C'est décidé nous partirons en balade le lendemain. 


Nous découvrons bien vite que la ville n'est absolument pas adaptée pour ce type de véhicule. Les trottoirs sont souvent inexistants et très vite nous nous retrouvons sur des voies un peu trop encombrées et bien trop rapides. Nous empruntons donc des petites rues pour avancer vers un but incertain. 
Au début tout ce que nous souhaitons c'est réussir a sortir de la ville pour flâner sur des routes de campagnes. Nous ne les trouverons jamais. 
En revanche au détour d'un chemin nous traversons d’étranges cimetières laissés à l’abandon recouverts par une dense végétation. Nous avons du mal à distinguer les caractères gravés sur les stèles. Un homme nous arrête nous demandant où nous souhaitons nous rendre. Il nous indiquera la route à prendre pour nous rendre à la plage. 
Trop obstinés à vouloir vagabonder sans but, nous suivons une route qui semble s’éloigner de plus en plus de la ville. Il s'agit d'un cul de sac. 



Nous faisons une pause pour reprendre notre souffle. Non loin de l'endroit où nous nous sommes arrêtés se dégage une étrange musique, des cymbales, des tambours. 
Nous attachons nos vélos pour voir de plus près ce qui se passe à coté.

Une scène de théâtre est installée où des jeunes filles costumées en tenues traditionnelles semble répéter. En face, d’où provienne les sons de tambours un rassemblement de personnes autour d'un homme d'un certain age.

Inspiré, il note sur des bouts de papiers jaunes des choses qui semble avoir une importance capitale. Certains sont conservés sur une table d'autres sont brûlés. Au rythme des tambour l'homme effectue des mouvements qui sont pour nous bien saugrenus.






En face de lui se tient un autre groupe autour d’un autre homme, plus jeune. Il a les yeux clos et se bascule doucement d'avant en arrière. Ses lèvres remuent mais le son des tambours couvre ses murmures. Nous reconnaissons aussitôt en lui l’état de transe. 
Il ne semble tenir debout que grâce à son étrange canne. L'ambiance est extrêmement mystique avec l’épaisse fumée des nombreux bâtons d'encens disposes en avant de ce spectacle, sur un autel ornés de fleurs, et de nourriture. Les locaux venus assister à la cérémonie nous font signe d'approcher de ne pas nous inquiéter. Nous pouvons prendre des photos. On nous explique que ce rituel s’effectue chaque année dans le but d'apporter de la chance, de guider les personnes venues « consulter ». 

Le son des tambours change, le rythme aussi, plus régulier. La table où se trouve les papiers est mise de coté et le jeune homme en transe est conduit près de celle-ci. Assis sur un banc il se balance de plus en plus frénétiquement alors que se forme en face de lui deux colonnes de femmes, d'hommes et d'enfants. Au fur et à mesure que les couples se présentent à lui, toujours dans son état extatique, le voici qu'il se lève et claque le fouet qu'il avait autour du cou à coté des deux personnes installées à genoux, mains jointes en face de lui. Quand il aura claqué son fouet un nombre de fois qui lui semblera suffisant alors il tendra la main vers la table pour se saisir d'un petit papier qu'il remettra aux "patients". Cela ressemble beaucoup à un rituel Shamanique. Cet homme dans un état de conscience altéré serait à même d' apercevoir les esprits et de son fouet repousserait ceux qui avaient prévu d'ennuyer les Malais. 

Nous ne participerons pas à la cérémonie sans doute trop gênés de se joindre à un tel événement dans lequel nous n'avons pas foi. Néanmoins des brioches et autres sucreries nous seront offertes par les locaux pour nous remercier d'avoir été témoins de l’événement.

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