Bienvenue sur Rev'à Zion. Vous trouverez ici quelques textes de voyages ; il m'arrive d'écrire parfois, j'espère que mon style vous plaira ; j'ai gardé une correspondance régulière avec les personnes que j'ai connu, un témoignage de ce que m'a offert le voyage ; certaines idées, réflexions qui me traversent l'esprit, je vous encourage à les commenter pour alimenter les débats. Merci de cliquer sur les pages de pub pour me soutenir.
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Que l'on soit
baroudeur expérimenté, aoutien, adepte du voyage organise ou
auto-stoppeur, le moment du départ vers un long voyage ou une
destination inconnue s'accompagne souvent d'une monté d'angoisse.
Nous réagissons tous
différemment à ce phénomène : insomnies, nœuds au ventre,
paquetages dépaquetages repaquetages, sensation de vide,
détachement, vérifications continuelles du numéro de réservation.
Le billet d'avion est-il bien à sa place ? On a ferme le gaz avant
de partir ? ...
La liste peut
s'allonger jusqu'au point de l'immobilisation totale à regarder
l'avion partir, sans nous.
Et notre entourage
qui est là pour nous soutenir "Ne t'en fais pas ce sera une
expérience incroyable", nous jalouser "Mais quelle chance
tu as !" et nous encourager "Tu vas trop kiffer !"
Oui, probablement,
sauf qu'à ce moment là on est à deux doigts de péter un câble,
vomir, s’évanouir, hurler.
Le nombre de départ
vers l'inconnu déjà effectué ne réduit pas tellement la crainte
qui accompagne ces premiers instants, avant de faire le grand saut.
L’expérience permet surtout de pouvoir appréhender cet phase de
transition. Elle nous permet de relativiser autant que possible mais
aussi et surtout d'en savoir plus sur soi-même. Ainsi nous devenons
capable de créer un espace pour cette peur, nous pouvons
l'apprivoiser car nous avons découvert nos réactions, nos attitudes
quand nous sommes dans cette situation. Enfin, avoir une telle
expérience nous donne la force de pouvoir avancer vers l'inconnu.
Car il en faut de la force. Un départ pour une nouvelle vie est à
la fois excitant, éprouvant et effrayant.
Interrogés sur cet
sujet les baroudeurs que j'ai pu rencontrer lors de mes voyages sont
formels : Oui. On flippe toujours avant de franchir une
frontière, mais quand on retourne dans un pays dans lequel on est
déjà allé alors ce n'est plus l'inconnu, c'est presque comme à la
maison.
J'ai beaucoup aimé
cette remarque également : « Dans un voyage, le moment le
plus difficile et le plus long, c'est quand on va à l’aéroport. »
En fait il me semble
que ce sentiment est le même que celui que nous avons ressenti le
jour de notre rentrée à l’école primaire, de notre premier
entretient d'embauche, de tout ces événement auxquels nous avons dû
faire face et ou nous n'avions aucune idée à quelle sauce nous
serions mangés.
Et pour ceux qui sont
encore en voyage, qui se sont habitués à la routine de l'inconnu,
cette angoisse fera probablement à nouveau son apparition justement
le jour ou il faudra prendre l'avion pour rentrer à la maison.
Je quitte la Malaisie à la fin
du mois de septembre pour un changement radical, le Canada.
L'avion s'approche des côtes
Canadiennes au petit matin. Il manœuvre avant de procéder à
l’atterrissage j’aperçois alors le relief montagneux saisissant,
situe au nord de la ville.
À l’aéroport je retrouve
Alessia. Voici 6 mois que nous nous attendons, chacun de son côté
de la planète. Nous avons pris le pari fou de nous retrouver sur un
autre continent pour saisir notre chance ensemble, loin de tous et de
tout.
Un nouveau continent, après
plus d'un an et demi en Asie et Australie, je ne sais plus trop à
quoi m'attendre. Je m’inquiète un peu, sans doute influencé par
quelques obscurs stéréotypes.
La ville de Vancouver
m’indiffère. Ses voies aux angles trop droits, ses avenues
qui vont d'Est en Ouest et ses streets du Nord au Sud. Oui,
oui c'est pratique et rigolo, mais je crois que ce qui me plait le
plus c'est de pouvoir me perdre dans une ville. Alors je cherche les
quartiers et les découvre petit à petit.
- Le quartier Italien avec ses
cafés et pizzerias, ses supérettes de produits importés d'il y a
trente ans. Les immigrés sont arrivés et ont apporté leur culture
d'alors. Celle-ci a évolué en parallèle avec le développement de
la ville... une Italie stoppée dans le temps, Une Italie
canadienne...
- Le quartier Indien aux
aspects très colorés où nous faisons régulièrement nos courses pratique des prix défiants toute concurrence. À l’entrée des
banques nous remarquons des Sikhs qui après quelques conversations
nous apprennent qu'ils sont pour la plupart détenteurs de Masters ou
équivalents. On ne reconnaîtra en eux que leurs compétences de
gardiens.
- Granville Island, le quartier
le plus européen avec son marché, ses bateleurs et ses
boulangeries. Situé à l’entrée du centre-ville, entouré par la
baie cet endroit ressemble à un village où pour un instant grâce
aux mouettes, à l'air marin et au port de plaisance on se sent isolé.
- East town où l'air porte une forte odeur quasi constante de joints et où la densité de personnes au regard perdu probablement addict à l’héroïne est impressionnante. Je me sens très mal à l'aise dans cette partie de la ville et ne fait que de me lamenter. J'angoisse à l’idée de croiser le regard de certains. Et ce n'est pas faute d'avoir fait un effort. En effet, je participe à un atelier de création artistique pour apprendre à fabriquer des lanternes chinoises. L'un des participants lancera une phrase plutôt marquante : « Ouais, moi d'un coup d’œil je peux dire si un homme a déjà passé la nuit dans la rue. Ouais, ça se voit dans leurs yeux ça. » Cette humanité je ne l'avais pas croisée en Asie, cette misère est bien différente en orient.
- The shaughnessy disctric,
où nous nous sommes installés. Une location chez un couple de
retraités dans une chambre souterraine, rose. Les fenêtres donnent
sur le sol, c'est un peu bas de plafond mais le quartier est
incroyable. Chaque trottoir est agrémenté de pelouse où
des arbres gigantesques couvrent les toits des vastes maisons des
environs. On a presque l'impression de vivre dans une forêt.
Ceci m’amène à vous raconter
le changement de climat. Je vais redécouvrir l'automne. Pendant tout
mon périple les températures les plus basses de jour tournaient
autour de 10 degrés et peut être un -1 de nuit. Comme je l'ai
précisé plus haut mon quartier est très agréablement boisé et
c'est un vrai régal de pouvoir se promener tout au long de l'automne
sous ses arbres flamboyants. La nature est omniprésente et il est
clair qu'ici la politique urbaine est d’intégrer la nature à la
ville.
Les différents parcs et réserves
naturelles ne manquent pas. Aux abords des forêts il est à la fois
fascinant et effrayant de voir des mises en garde sur les ours. Des
numéros sont affichés si nous venions à en croiser un et des
poubelles au design particulier en abords des forêts pour empêcher
d'attirer les grands nounours sur le territoire des humains.
Je me sédentarise dans cette
ville et me rend compte que j'ai du mal à redécouvrir ce mode de
vie, j'ai l'impression d'avoir déjà tout fait, tout vu en quelques
semaines, et manque de curiosité pour aller plus à fond dans la
découverte constante de mon environnement. Ce sera en partie grâce à
un groupe d'amis bouddhistes que je retrouve mes repères. Après 2
ans de vie nomade où je m’étais habitué à faire de fortes
rencontres sans véritable lendemain, des amis à « usage
unique » avec lesquels tout pouvait se dire, tout pouvait se
partager, avec lesquels pourtant on aura presque aucun mal à se
séparer. En voyage la séparation devient routine.
Et puis dans mon petit nid de
Vancouver Je reçois un vieil ami, Samuel. Expatrié depuis longtemps
au États-Unis il viendra passer quelques jours pour parler du bon
vieux temps, de nos vies d'avant de nos vies d'aujourd'hui. Une
agréable retrouvaille que je ne pourrais reproduire malgré son
invitation, par manque de moyen. (I'm sorry mate I hope we'll talk
again soon.)
Et puis Vancouver c'est aussi une
incroyable politesse et un sens du respect des autres irréprochable.
Mon éducation à la française
en est toute chamboulée et admirative :
- Respect des files d'attente,
toujours.
- Si l'on vous bouscule, on
s'excuse, souvent.
- Dans le bus : Bonjour
chauffeur, quand on monte. Merci, au revoir, bonne journée quand on
descend.
- Demandez des conseils, ou des
informations à qui que ce soit, on s’arrêtera pour vous aider.
Si on me demande je vous dirais que je ne connais rien du Canada, seulement Vancouver. Il y a finalement au moins autant de chose a découvrir dans un seul lieu que dans une multitude.