Nous achèverons notre dernière journée d'excursion plus proche de nos compagnons de randonnée. L'effort nous a rapproché et nous sommes heureux d'avoir pu accomplir cette expérience éprouvante.
Notre guide Greko sourit en évoquant sa jeunesse, quand la ville de Kuala Tahan était encore peu tournée vers le tourisme et qu'il devait traverser la jungle chaque matin pendant plus d'une demie-heure pour se rendre à l’école. Nous prenons une dernière fois le bateau pour retourner à notre auberge, tous pressés de pouvoir profiter de notre douche méritée.
Alors que nous nous approchons de Rippi Guesthouse, le gérant nous salue entouré de sa famille, présente ici pour célébrer l’arrivée du fils du Sultan de la région de Pahang. Riffi nous encourage donc à nous rendre à cette célébration en nous glissant un : « Free food for you ».
En plus de la bouffe gratuite, il s'agit d'un événement intéressant que nous ne risquons pas de voir de sitôt. Une fois lavés et changés nous nous dirigeons vers le lieu de la fête. Nous sommes un peu mal à l'aise à l’idée de venir nous servir pour un événement qui ne nous concerne pas, mais les malais nous accueillent avec de grands sourires et nous font essayer tous les plats. Nous essayons donc de gouter à un maximum de choses afin de découvrir les saveur locales. C'est la première fois que nous sommes entourés par tant de Malais.
Tous ce sont fait beau pour l'occasion. Une jeune femme nous explique qu'il s'agit d'un grand honneur de recevoir cet homme ici et qu'elle aimerait beaucoup pouvoir l'approcher. La plupart des femmes présentes sont voilées, il faut dire que nous sommes dans un des pays où la pratique de l'Islam est la plus dominante. Je me surprend donc à admirer ces foulards placés avec élégance, tous de couleurs différentes, en harmonie avec le reste de la tenue. J'en viens même à penser que les cadors de la mode européenne pourraient bien intégrer le voile dans leurs défilés de mode si prisés. Et je m'amuse à imaginer en occident une nouvelle tendance, qui dérouterait bon nombre de ces personnes, tellement mal informées sur le sujet et pourtant si promptes à émettre un jugement de valeur.
Nous ferons le bonheur de cette jeune femme car nous ayant aperçu, le prince et ces suivants s'approchent de nous pour nous saluer. Nous lui assurons que nous prenons beaucoup de plaisir à visiter son beau pays, que nous venons de France. Il connait le pays et s'y serait rendu récemment. Nous venons de Paris précisons nous. Ce à quoi il nous répondra de ne pas nous fâcher mais il préfère l’O.M.
Après cette rencontre diplomatique, nous décidons de partir nous coucher car demain nous reprenons la route, direction The Cameron Highlands et ses plantations de Thés. Encore une fois nous prenons le bus pour nous rendre sur place.
L’arrivée me rappelle le Vietnam et Sapa avec ses nombreux flancs de collines aménagées en terrasses vert-brillants. Le chauffeur nous demande devant quel hôtel nous souhaitons nous arrêter. Aucune idée, nous ne faisons aucune réservation. Les autres passagers semblent surpris, se pourrait il que tous les hôtels de la ville soient pleins ? Effectivement, les hôtels corrects le sont et nous partons à la chasse aux auberges peu chères. Il ne nous faudra que quelques minutes d'effort supplémentaire pour trouver un lieu deux fois moins cher.
Nous sommes dans les montagnes et il fait froid. Pour la première fois du voyage nous enfilons des vestes. Mais l'endroit ne nous plaît pas, sans doute ne sommes nous plus habitués au fourmillement d'une ville moyenne et de surcroît touristique après nos jours passés sur des plages désertes et la jungle. Nous consultons tout de même le Lonely Planet pour trouver une activité intéressante. Il y a des randonnées mais nous passerons notre journée à essayer de trouver le point de départ, alors nous nous promenons dans la ville de marchés en marchés, de cafés en restaurants. Nous décidons donc d’écourter notre séjour pour nous diriger vers l'ile de Penang.
Le terminus est à Georgetown et nous descendons à une gare routière où nous attend une flopée de taxis. Notre premier réflexe est bien sur de refuser. Nous nous éloignons donc un peu pour consulter la carte de notre Lonely Planet afin de voir la distance qui nous reste à parcourir avant d'arriver vers le centre où se trouvent les auberges bon-marchés. Nous en avons d'ailleurs repéré une qui apparemment fait des banana pancakes du tonnerre. Sur le guide la gare routière de la ville est à environ 1 km du centre.
Nous nous consultons et sommes d'accord pour économiser un taxi et de marcher tranquillement vers la ville. Au bout de quelques minutes nous demandons à un groupe d'hommes, discutant avec un chauffeur de car touristique, la direction pour nous rendre vers le centre de Georgetown. Le chauffeur qui parle le mieux anglais nous fait monter dans son bus pour consulter la carte que nous lui tendons. Il nous demande comment nous souhaitons nous y rendre, lui expliquant nos intentions, celui-ci se met à sourire car nous sommes à plus de 20 bornes de la ville !!
L’hôtel que nous cherchions n'existe plus.
Heureusement il y a un hôtel tous les 10 mètres dans la rue où nous nous sommes arrêtés.
Juché sur une colline en périphérie de Georgetown, le lieu est incroyable. Des bouddhas par dizaines, des bodhisattvas par centaines, les temples sont multiples ici, sur plusieurs niveaux, des tortues pour la chance, des jardins pour être en paix. Impressionné je salue humblement les bouddhas et nous allumerons une bougie pour notre bonheur futur. Un soir que nous nous baladons dans les rues nous apercevons un restaurant qui propose également la location de vélos.
C'est décidé nous partirons en balade le lendemain.
Nous découvrons bien vite que la ville n'est absolument pas adaptée pour ce type de véhicule. Les trottoirs sont souvent inexistants et très vite nous nous retrouvons sur des voies un peu trop encombrées et bien trop rapides. Nous empruntons donc des petites rues pour avancer vers un but incertain.
Au début tout ce que nous souhaitons c'est réussir a sortir de la ville pour flâner sur des routes de campagnes. Nous ne les trouverons jamais.
En revanche au détour d'un chemin nous traversons d’étranges cimetières laissés à l’abandon recouverts par une dense végétation. Nous avons du mal à distinguer les caractères gravés sur les stèles. Un homme nous arrête nous demandant où nous souhaitons nous rendre. Il nous indiquera la route à prendre pour nous rendre à la plage.
Trop obstinés à vouloir vagabonder sans but, nous suivons une route qui semble s’éloigner de plus en plus de la ville. Il s'agit d'un cul de sac.
Nous attachons nos vélos pour voir de plus près ce qui se passe à coté.
Une scène de théâtre est installée où des jeunes filles costumées en tenues traditionnelles semble répéter. En face, d’où provienne les sons de tambours un rassemblement de personnes autour d'un homme d'un certain age.
Il ne semble tenir debout que grâce à son étrange canne. L'ambiance est extrêmement mystique avec l’épaisse fumée des nombreux bâtons d'encens disposes en avant de ce spectacle, sur un autel ornés de fleurs, et de nourriture. Les locaux venus assister à la cérémonie nous font signe d'approcher de ne pas nous inquiéter. Nous pouvons prendre des photos. On nous explique que ce rituel s’effectue chaque année dans le but d'apporter de la chance, de guider les personnes venues « consulter ».
Nous ne participerons pas à la cérémonie sans doute trop gênés de se joindre à un tel événement dans lequel nous n'avons pas foi. Néanmoins des brioches et autres sucreries nous seront offertes par les locaux pour nous remercier d'avoir été témoins de l’événement.